Un avenir
Dans une atmosphère de coton et de glace, Véronique Bizot dépeint les meurtrissures d'une famille sans omettre d'incorporer à son récit un humour salvateur. Le texte construit sa trame sur un point d'interrogation : qu'est-ce qui dans le fond motive Paul lorsqu'il accepte, à la demande de son frère jumeau Odd, de faire trois cents kilomètres pour aller vérifier que le robinet du deuxième étage de la maison qu'il vient de quitter pour un temps indéterminé a bien été purgé ? Car sitôt arrivé dans la demeure qui n'est autre que celle dans laquelle les deux garçons, leur frère et leurs trois sœurs ont passé leur enfance aux côtés de leurs parents, Paul est envahi par une profonde solitude. Les souvenirs affluent et s'entremêlent alors, offrant au lecteur de découvrir plusieurs facettes de cette famille marquée par la mortet la vie, bien sûr. L'auteur développe au fil de ce court roman un style assez unique et fin, où le désespoir le plus féroce est constamment contrebalancé par la dérision. Dans l'univers de marbre que constitue la maison familiale, silencieuse et isolée donc étouffante, des petites étincelles distillées par Bizot viennent créer de la lumière et du rythme, jusqu'à l'embrasement final, magnifique.