Une étoile sans firmament
Il y a peu de roman que j’ai refermé le cœur gros et c’est avec beaucoup d’émotions que j’ai terminé le nouveau roman de Laurent Seksik. Dans ce roman polyphonique il lève le voile sur un pan moins connu de la vie d’Albert Einstein, il nous plonge dans la folie de son deuxième fils Eduard. Atteint de schizophrénie, il est dès l’âge de 20 ans interné en hôpital psychiatrique, un univers qui va ponctuer le reste de sa vie jusqu’à en devenir sa demeure permanente. Dans un récit bien documenté, Laurent Seksik nous fait entendre à tour de rôle la souffrance d’Eduard, celle de sa mère Mileva, femme de sacrifice qui vit pour son fils nuit et jour, renonçant à tout : son travail, sa féminité, ses projets, et la voix énigmatique d’Albert Einstein, fuyant la folie de son fils dans le travail. Trois voix, trois récits, trois points de vue, c’est la force de ce roman, Laurent Seksik équilibre harmonieusement les émotions de ses personnages. C’est aussi une belle radioscopie de l’Europe des années sombres, un témoignage sur les débuts peu glorieux de la psychiatrie et surtout un regard éclairé sur les contradictions d’un si grand homme : Albert Einstein.